L’origine du Verger Tiocan remonte aux années 1950, lorsqu’un instituteur passionné a eu l’idée de planter des arbustes sauvages pour ensuite les greffer et, surtout, transmettre à ses élèves, par le biais d’un cours que l’on nommait
La leçon de choses
Au même titre que les autres matières – français, calcul, histoire, géographie, …
La commune de Péron, lui ayant octroyé une parcelle de 200 m2 environ, à proximité du cimetière, le maître d’école, Monsieur Guillermet, commençait ses plantations. On appelait ces petits arbres des sauvageons.
Pour ce faire, il allait le long des haies reconnaître et arracher des pommiers sauvages qu’il replantait dans son lopin de terre, plantation en quinconce. Au bout d’une année, l’arbre avait repris vigueur, et il était prêt à recevoir un greffon. Le futur porte-greffe devrait être en bonne santé, surtout pas biscornu, cela était très important pour son avenir.
Après nos débuts scolaires à l’école de Péron, les élèves qui n’allaient pas en sixième, finissaient leur scolarité à l’école de Logras, chez le maître, qui les préparait activement au
Certificat d’études primaires
Dans le programme était inclus aussi bien pour les garçons que pour les filles les promenades vers le cimetière pour aller regarder pousser nos arbres et apprendre à greffer en fente et en écusson.
C’était un cours qui demandait beaucoup d’attention. Chacun voulait voir de près le maître « opérer » avec son couteau opinel, tailler en biseau la greffe, jeune pousse d’un an, inciser la branche qui le recevait, ajuster l’écorce contre l’écorce avant de mettre du mastic spécial et de serrer avec quelques brins de raphia. Le tout était joué. Inutile de dire que le silence était de rigueur dans ces moments-là.
Notre instituteur était le seul du canton qui avait cette passion et le désir de la faire partager par ses élèves. On a vu greffer deux sortes de pommes, poires, prunes sur le même arbre lorsque celui-ci était vigoureux.
Lors de nos promenades « scolaires » au verger chacun parlait de son arbre :
- celui-là c’est le tien
- là c’est le mien, il a bien poussé
- M’sieur la greffe a des feuilles
- oh, celui-là il a séché
« Cela ne m’étonne pas. » répond le maître à l’élève qui ne travaillait pas suffisamment.
On était tous très contents de voir grandir les arbres. L’année du « certif » on pouvait l’acheter pour une somme symbolique.
Les greffons venaient d’arbres du pays de Gex, plantés pour la plupart juste après 1900. Dans le verger de ma famille, à Péron, les arbres poussaient bien, en bonne terre, et en pleine sécheresse on amenait de l’eau par les rigoles.
Monsieur Guillement venait très souvent, à pied ou en vélo, la musette en bandoulière, dans notre verger, dont il connaissait toutes les variétés. C’était un réservoir de greffes très important.
Beaucoup plus tard, quelques passionnées de la nature ont décidé de donner une nouvelle vie aux arbres situés le long du mur qui arrive au cimetière de Péron. De cette période est né le Verger Tiocan.
Le Verger Tiocan
Le premier président M. Grasset a su mettre en évidence toutes les variétés fruitières, et encourager l’équipe de bénévoles à poursuivre le travail avec autant d’efficacité. Le verger agrandi était devenu.
Par la suite, Monsieur André Monnet s’est donné à fond dans le rôle de président. Habitant la vallée de la Valserine il comptait sur l’équipe qui assurait l’entretien du terrain, ainsi que des arbres. C’était précieux. « Vous êtes des gardiens » disait-il.
Pour faire vivre l’association M. Monnet a engagé un salarié qui a suivi des cours (enfumage) pour lutter contre la surpopulation des mulots qui rongent les racines des arbres.
Depuis le verger est situé à Greny. C’est le gardien du patrimoine fruitier.